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ISS 2012 Le terrible secret du monde (7. Docs Fictions)

I.S.S. 2012 : "Le terrible secret du monde"


Dans la solitude angoissante de l’espace, la nouvelle incroyable s’était très rapidement confirmée et cela avait donné la nausée à tout l’équipage de la station spatiale internationale. Ils se regardaient tous, prostrés et angoissés chacun dans leur coin de vie, se tenant la tête et réfléchissant a un futur si énigmatique. Ces astronautes, si aguerris aux choses de l’espace, qui étaient l’élite de notre civilisation du XXI ° siècle, venaient de prendre conscience de l’importance de cette information que le chef de l’ I.S.S., le Commandant BORGMANN, venait, à l’instant, de leur confirmer avec un visage livide et d’une voix blanche. La Terre, cette boule qui supportait tout ce qu’ils aimaient, ne leur répondrait plus…..

Déjà depuis trois mois, l’annonce de ce cataclysme avait déclenché les angoisses de tous les peuples. L’on ne comptait pas les révoltes, les massacres et toutes les horreurs auxquelles les hommes se livraient depuis l’annonce cette découverte. Aucune police, aucune force armée ne pouvait contenir la rage de vivre qui s’était emparée des populations les plus informées du globe…..

Mais il faut revenir au début de l’été de cette fameuse année :

C’est encore par le canal du « Web » que certains internautes avaient découvert le pot aux roses. Un célèbre astrophysicien avait déclenché l’alerte en installant sur son site : « Le terrible secret du Monde », cette nouvelle si terrifiante :

La terre serait percutée par l’astéroïde CERES ce 20 décembre 2012… !!!

Au début de la découverte de cette annonce, la plupart des internautes habitués aux « désinformateurs » opérants sur le Web, avait pris la chose à la légère, pensant à une intox, faite pour des gogos si friands de mauvaises nouvelles. C’est le terrible suicide en public du grand directeur de la NASA, lors d’une conférence de presse, qui déclencha la vraie panique. Il fallait un tel acte, pour que le monde entier prenne enfin conscience de la réalité et, surtout, de l’impuissance des plus grandes entreprises spatiales de notre globe. Cette révélation brutale déclencha alors la folie des hommes : Les dingues de la voiture parcouraient, en consommant leur dernière goutte d’essence, les rues des villes, à pleine vitesse, surs de leur impunité… Les prisons étaient pleines et personne ne voulait plus assumer de responsabilité, attendant cette horrible mort annoncée. Des familles entières désespérées se suicidaient, l’on ne pouvait même plus nettoyer les rues, les sources d’énergies se tarissaient une à une. Seule l’électricité était encore distribuée parcimonieusement la nuit. La population de la Terre était devenue subitement folle.

Tout avait été tenté technologiquement, par toutes les grandes puissances spatiales, pour dévier ou détruire cet astéroïde tueur. Les propulseurs de l’époque ne permettant pas d’atteindre une vitesse suffisante pour un rendez-vous destructif, seule l’interception par impact avait été tentée : Cela avait été un échec irrémédiable. La masse et la vitesse de l’astéroïde avaient résisté à toutes les explosions plus gigantesques les unes que les autres et les hommes s’étaient vite retrouvés impuissants face à ce monstre galactique.

Bref, la folie avait gagné l’ensemble de la planète et la panique poussait les humains à quitter les villes devenues des capharnaüm maudits ou régnait maintenant la règle des plus forts et des plus cruels. De très longs convois de fuyards cheminaient sur ce qui avait été quelques jours auparavant de larges autoroutes, et les longues files de vagabonds s’égrenaient dans les campagnes avec leurs maigres bagages. Toutes les nuits, les humains fixaient, avec angoisse, le ciel où cette nouvelle étoile grossissait lentement, soirs après soirs. La terreur avait envahi les esprits des êtres de notre monde avec une brutalité inouïe et l’homme était redevenu, en seulement quelques jours, un nouvel animal sauvage…...

Au même moment, sur la station internationale, les missions se poursuivaient imperturbablement, plus pour occuper les esprits des astronautes, que pour leurs subtiles réalités scientifiques. Le commandant de la station avait réuni en urgence, son staff technique, afin d’élaborer une ultime manœuvre d’éloignement avant l’impact. En effet, la station spatiale risquait de subir le contre coup d’une telle percussion ; il était donc urgent de faire monter cette station sur une orbite supérieure et excentrée, par une poussée quelconque, avant le moment prévu pour cet impact monstrueux. La mise à feu coordonnée de tous les propulseurs disponibles (quatre chaloupes de survie, deux Soyouz et une navette), était la dernière solution envisagée. Mais, c’était surtout l’arrimage fragile de tout cet ensemble, qui inquiétait tous les occupants. L’on décida donc d’utiliser les robustes sas de jonctions, afin de réaliser un système de groupages de tous ces puissants propulseurs .Cela, afin de pouvoir récupérer une poussée cohérente sur un même côté de la Station. L’ensemble des équipes, donna à l’unanimité, son approbation pour cette solution géniale de survie. Il ne restait alors qu’un peu plus de 22 heures avant l’impact de l’astéroïde tueur.

L’astéroïde était maintenant parfaitement visible, pour tous les terriens, dans le ciel du matin. La dernière journée avait commencé par une étrange aurore rouge-orangée, comme un dernier signal lugubre pour ceux qui attendaient cette fin d’un monde. Dans la station, les regards inquiets des astronautes contemplaient les incendies provoqués par la folie des hommes et qui illuminaient dramatiquement, tous les centres urbains de la planète, déjà si proche de l’agonie. Sans aucunes liaisons officielles depuis sept jours, ils laissaient vagabonder leur imagination au grès des quelques messages de radio-amateurs courageux et persévérants, qui leur souhaitaient, à tous, une chance de survie et des vœux de réussite dans leur tentative osée d’éloignement.

A H moins 2, l’équipage s’était déjà regroupé dans le poste de contrôle des propulseurs et chacun se concentrait sur la manœuvre à effectuer par les techniciens. Les visages livides, les yeux fixés sur les panneaux informatiques, chacun attendait, concentré, le choc formidable déclenché par la mise à feu de tous les propulseurs. Le commandant BORGMANN et ses ingénieurs avaient pourtant prévu une accélération progressive, en douceur, qui leur permettrait une satellisation lunaire avec une poussée la plus économique possible: il fallait aussi penser au futur. Le décompte final fut donc enclenché au moment même où l’astéroïde pénétrait dans les hautes couches de l’atmosphère.

Un spectacle grandiose et morbide, un fulgurant flash, très éblouissant, qui signait, avec une brutalité inimaginable, la fin d’une civilisation et la désertification irrémédiable, de cette si belle planète qu’avait été notre Terre.

5..4..3..2..1..Top Ignition… !!

L’accélération fut extrêmement brutale, très courte dans le temps. Mais la plupart des alarmes de dépressurisation se déclenchèrent, angoissant tous les occupants. La Station gémit longuement, torturée au plus profond, dans toute sa vieille structure, pliant violemment la plupart des panneaux solaires et, débranchant les auxiliaires les plus fragiles. Chacun, crispé, serrait les dents et fixait les panneaux des multiples alarmes avec une angoisse contenue….

18 secondes, la poussée avait duré 18 longues secondes et la Station, poussée par tous les moteurs auxiliaires des navettes, Soyouz et autres mobiles, s’était arraché de son orbite pour s’éloigner du monstrueux cataclysme terrestre….

………………………

Cela faisait maintenant à peu près une dizaine de jours, (temps de référence terrestre), que la station s’était désorbité et était parti à la dérive dans la sombre immensité cosmique…. Même l’orbite lunaire avait été manquée irrémédiablement, et, les calculs fournis par les ordinateurs ne prévoyaient rien de bon pour le futur de leur trajectoire spatiale.

Les Astronautes avaient tous en mémoire un souvenir qui les hantait : Avoir vu leur si belle planète bleue devenir rapidement d’une teinte d’un rouge profond, l’atmosphère s’étant transformé en fournaise, stérilisant définitivement toutes vies sur ce globe qu’ils avaient tant aimé. Le silence sépulcral qui régnait à bord de la station, maintenant parfaitement stabilisée, ressemblait à celui d’une vieille cathédrale gothique. Le moindre craquement ou chuintement déclenchait un sentiment d’inquiétude…

Tous, tous pensaient au futur…… A leur futur…….Mais quel futur ?

Cette question existentielle hantait, en permanence, les esprits de tous les membres de l’équipage et peu à peu, des clans s’étaient formés au grès des brefs conciliabules de couloirs.

Il fallait maintenant, s’organiser pour subvenir aux besoins les plus basiques des nouveaux survivants. Pour la nourriture, la serre de la station produisait suffisamment de végétaux comestibles et les expériences sur les grenouilles ou les escargots avaient été vite oubliées. Tout ce qui pouvait être mangé ou bu, était devenu très précieux. Pour l’oxygène, c’était encore les biologistes qui avaient le beau rôle. Avec leur serre, qu’ils avaient étendue dans tous les modules, même dans les tubes-couloirs de la Station. Ils produisaient alors, tout juste le strict nécessaire pour la survie du groupe. L’exercice physique était devenu primordial et obligatoire ; Car, les douleurs continuelles, provoquées par une vie en apesanteur totale, étaient terribles à supporter pour l’ensemble des occupants. L’adaptation se faisait difficilement, mais l’idée d’être les seuls survivants de cette formidable planète qu’avait été la Terre, hantait encore leur esprit et les stimulait pour tenir avec courage.

Cela faisait maintenant six mois que la station errait dans l’espace. Leur trajectoire les avait amené à frôler VENUS .Apres de nombreux calculs, ils avaient même réussi à rebondir, en utilisant la force de gravité propre à cette planète pour rediriger leur orbite. Ils étaient donc, tous ensemble, très concentrés sur les futurs trois mois. En effet, d’après leurs études de trajectoires faites et refaites, ils pensaient réussir à rattraper l’orbite de MARS. Cet ultime espoir avait relancé la motivation et la concentration de toutes les différentes équipes. Les motoristes, en particulier, avaient même réussi à récupérer de l’oxygène et de l’hydrogène liquides restants sur les Soyouz. Cela leur avait permis de recharger, ainsi, les réservoirs de l’unique navette rescapée. Les batteries isotopiques fournissaient heureusement de l’énergie sans aucun problème. Par contre, les panneaux solaires, hélas, très endommagés lors de l’évasion terrestre, n’étaient encore, qu’à la moitié de leurs capacités de production.

Bref, la planète MARS devenait alors, une sorte de « Terre promise », comme l’avait si bien rebaptisé les matheux de « l’équipe des trajectoires », qui passait leur temps à calculer orbites sur orbites… !!

Le Commandant BORGMANN était obligé de faire régner une discipline de fer, car le laisser aller, provoqué par l’incertitude du futur et l’angoisse de l’espace taraudait, en permanence, les astronautes. Un problème très grave avait été soulevé par l’annonce de la grossesse totalement irréaliste de la cosmonaute Russe IRAS. Celle-ci ne pouvait plus supporter les méthodes contraceptives imposées, pourtant réglementaires pour tous les vols de longue durée. Cette humaine « enceinte » sur une station errant dans l’espace, devenait un problème des plus cruciaux : la question d’un enfantement en apesanteur ne s’étant jamais posée, rien n’était prévu pour une telle éventualité. C’était vraiment un nouveau challenge, pour toute l’équipe du médical, de concevoir une heureuse arrivée à ce passager plus ou moins clandestin…

Pourtant, cet événement, plein d’espoir, avait relancé les discussions au sein des groupes de travail et tous se concentraient maintenant sur un seul objectif : Rejoindre enfin MARS……….

……………………

Le freinage de la station, lui aussi, avait paru extrêmement long et brutal pour tous les occupants, habitués à l’apesanteur depuis si longtemps. Ils en éprouvaient encore des nausées et des oppressions…. L’ensemble de l’équipage avait les yeux fixés sur les panneaux de contrôles. Ce qui les intéressait le plus, c’était de savoir s’ils avaient réussi à freiner suffisamment la Station pour qu’elle soit captée par la gravité de la planète MARS. L’orbite était encore trop excentrique, mais elle était stabilisée et l’équipage salua d’un véritable « Hourra !! » de soulagement, la réussite de la superbe manœuvre de précision, réalisée par l’équipe propulsion. Le peu de carburant restant, serait utilisé pour arrondir définitivement l’orbite et stabiliser la station. L’objectif du commandant BORGMANN était de rejoindre avec la navette, la base Mars V qui avait été implantée près de Cydonia Mensae , afin de préparer l’accueil des futures missions prévues, il y avait déjà deux ans. Cette base avait surtout été projetée afin de réaliser le début de la « terraformation » programmée de cette planète. Ce matériel de survie était là, en place, comme si le destin avait prévu, à l’avance, la réception de ces derniers survivants de l’humanité.

A l’approche de cette ultime épreuve, qui pouvait être fatale à tous les survivants, l’ambiance était à la concentration et à une vigilance de tous les instants. La navette, qui était prévue à l’origine pour sept passagers, allait devoir transporter ensemble, les 12 membres de l’équipage. La solution que BORGMANN avait conçu avec les chefs d’équipes, était de démonter et de détacher le bloc-cellule du laboratoire consacré a la biologie, afin de le placer, en entier, dans la soute de la navette. Ce laboratoire indépendant, contenait (lorsqu’il était arrimé à la station), toutes les « manips » de biologie végétale. C’était logique, car il archivait, en plus, toutes les réserves des études de biologie, en cours d’expérimentation dans l’espace. L’idée géniale de le récupérer comme un lieu de survie pour les « surnuméraires » avait été applaudi avec soulagement par tout l’équipage. Cela leur permettrait, plus tard, de toujours pouvoir subvenir à leur alimentation, tout en les transportant également en sécurité, jusqu’au sol de leur nouvelle planète.

L’aventure était sûrement des plus risquée. Car pour poser la navette, il faudrait littéralement la « crasher » sur la planète. Il n’y avait aucune autre solution d’atterrissage possible…. !!! L’idée, pour le freinage, c’était de se servir de ces fameuses zones de glaces, pleines de poussières qui recouvraient la zone a proximité de Mars V. Cette piste rudimentaire devenait leur ultime espoir. L’embarquement des équipages fût très laborieux. Tout, absolument tout de ce qui devait être emporté, avait obligatoirement un rôle dans la survie du groupe : Hésiter entre un microscope électronique et sa pile isotopique ! Cela créait un véritable dilemme. Mais la pile avait le plus de valeur dans cette situation cruciale où l’énergie était une vraie source de vie.

La navette se transforma peu à peu en une sorte d’ « Arche de Noé ».Après les dernières vérifications et les verrouillages des différents sas, le décompte du largage fût calculé de façon à permettre une rentrée atmosphérique des plus douces. La densité de l’atmosphère Martienne ne permettait pas une rentrée des plus confortable, le Commandant BORGMANN décida de procéder par une approche par ricochets sur l’atmosphère ténue, afin de freiner progressivement la formidable vitesse de satellisation. La dernière trajectoire « en finale » fût assez mouvementée. La navette rencontra de très mauvaises turbulences, car, elle avait dû traverser, en approche, une zone saturée de tempêtes alors qu’elle arrondissait sa descente pour se présenter sur la fameuse surface couverte de glace.

La navette était très difficile à maîtriser, car la densité atmosphérique étant des plus faible, chaque manœuvre devait être très anticipée. Lorsque la navette se présenta, cabrée au maximum, à la limite du décrochage, si cela peut avoir un sens ; BORGMANN plaqua l’aéronef, volets sortis, dans l’épaisse couche de poussière et aussitôt largua tous les parachutes de freinage. La course sembla interminable et les chocs violents et répétés donnaient une notion du degré de folie de cette tentative. Peu a peu pourtant, les ruades se calmèrent….

Et puis soudain, ce fut le grand silence. Un silence si étrange qu’il laissait entendre le crépitement des décharges électriques, les bips de quelques ordinateurs survivants et, encore et toujours, les clignotements agaçants des alarmes automatiques… De plus, l’obscurité engendrait une sorte de sentiment de solitude, même pour les plus aguerris. Des coups métalliques répétés, venant de la soute de la navette déclencha alors, une prise de conscience de l’étrange situation par l’équipage : Ils étaient tous libres, mais encore enfermés dans cette sorte de cocon métallique, qui les avait si bien protégés et qui allait leur permettre de recommencer une nouvelle vie. Ceux qui le pouvaient, se détachaient de leurs harnais de sièges avec difficultés. Ils se libéraient des ceintures et cherchaient à « tâtons » leurs compagnons.

Une main anonyme actionna la manette qui commandait l’explosion de la porte extérieure du sas. La lumière inonda l’habitacle et le désordre intérieur sauta dans toute sa splendeur aux yeux des survivants. Très commotionnés, ils étaient heureusement tous indemnes.

C’est a ce moment la, qu’ils prirent conscience de leur respiration… !!! Ils respiraient assez difficilement : mais ils respiraient, et pour tous, c’était une révélation extraordinaire. La terraformation de Mars avait donc réussi au-delà de toutes les espérances des concepteurs de ce vieux projet.

Respirer… Respirer… Quelle formidable révélation.

Peu à peu, les « survivants » s’extrayaient de la carcasse de la navette et se traînaient à quatre pattes ou en se traînant, dans cette espèce de sable qui recouvrait tout. La très faible gravité les écraserait encore pour quelques temps.

Le soleil brillait comme un soleil d’hiver, mais il faisait froid, très froid…

BORGMANN, aidé de deux autres astronautes, réussit à faire fonctionner la porte de la soute arrière, pour pouvoir libérer « les biologistes ». Un faible « Hourra », bien timide salua cette initiative. L’équipage de la station, très essoufflé, se regroupa, en rampant, au pied d’une petite falaise .Ils se concentrèrent, avec émerveillement, sur l’observation du très étrange paysage martien. Ils distinguaient même, dans le lointain la base de survie qui brillait d’un éclat de lumière dorée, comme un clin d’œil complice. Le paysage de MARS était vraiment verdâtre, entièrement recouvert d’une sorte de mousse, qui avait proliféré anarchiquement, sur toutes les surfaces possibles.

MARS la Rouge était enfin devenue MARS la Verte, la couleur de l’espérance… !!!!
….Les cris hésitants d’un petit bébé les réveilla tous, comme un nouvel appel a leur si étonnante aventure d’extraterrestre !!

« Nous sommes Treize maintenant… ! »S’esclaffa BORGMANN…


J.P. Varen